L’ Agriculture Urbaine à Bruxelles
L'agenda Good FoodConseils sur les modèles économiques
Vous cherchez des informations afin de lancer votre projet et développer votre modèle économique pour une approche durable?
Retrouvez les réponses à vos questions dans nos fiches d’informations tant pour l’agriculture en pleine terre que hors sol.

Quels sont les avantages pour le·la promoteur·rice immobilier de l’intégration d’installations d’agriculture urbaine au bâtiment ?
De par ses bénéfices sociaux, écologiques et économiques, l’agriculture urbaine (AU) est un outil idéal pour donner une valeur ajoutée aux projets immobiliers et à leurs utilisateur·ice·s. En effet, les projets d’agriculture urbaine offrent un cadre de vie exceptionnel qui sera très apprécié par les riverain·e·s et autres acteu.rice.s qui en bénéficient.
En ce qui concerne les plus-values pour le promoteur immobilier liées à l’introduction de projets verts, on retrouve les points suivants :
- Meilleure isolation sonore des bâtiments (toitures végétalisées, murs végétaux).
- Limitation des coûts liés à la législation environnementale en fonction des communes (récupération des charges urbanistiques).
- Augmentation de la valeur du bâtiment grâce aux certifications (BREEAM, Batex, …). Pour le BREEAM par exemple, l’agriculture urbaine peut intervenir sur 11 critères différents. Le bâtiment se vendra ou se louera ainsi plus rapidement (Supply, Demand, and the Value of Green Buildings, RICS, 2012).
- Dans les grandes mégapoles et villes densément peuplées, la proximité des parcs et espaces verts augmente de 2 à 5% les prix moyens des logements en 2020.
- Meilleure intégration paysagère qui améliore la valeur du patrimoine immobilier.
- Valorisation de surfaces qui ne seraient pas encore aménagées dans un projet se déroulant en plusieurs phases. Il est possible de créer une zone de culture sur un espace destiné à la construction tant qu’il n’est pas aménagé. Plusieurs années peuvent parfois séparer la mise en œuvre des différents bâtiments d’un même projet.
- Possibilité de remporter des marchés en se différenciant de la concurrence.
- Réponse aux demandes, voire aux exigences des pouvoirs publics : certains cahiers des charges intègrent maintenant une demande explicite d’AU ou un travail sur la résilience alimentaire du projet.
- L’agriculture urbaine est aussi un moyen de travailler et gérer différents aspects environnementaux abordés dans tout projet immobilier :
- temporisation et valorisation des eaux de pluie, réduction de facto de la taille du bassin d’orage. En toiture, l’agriculture urbaine peut retenir jusqu’à 50% d’eau de pluie sur base annuelle.
- préservation ou mitigation de la biodiversité, renforcement du maillage vert
- compensation CO2
- réduction des îlots de chaleur
- Isolation des étages supérieurs en cas d’agriculture urbaine en toiture : une toiture verte offrira une protection thermique qui permettra de maintenir la température de support de toiture relativement constante durant toute l’année, été comme hiver. Les toitures végétalisées et irriguées peuvent engendrer une économie d’énergie perdue par le toit allant jusqu’à 47% et de 38% dans le cas de jardins non irrigués (Jacquet 2011, « Performance énergétique d’une toiture végétale au centre-ville de Montréal », Centre d’écologie urbaine de Montréal)
- Dans une logique d’économie circulaire, la création de compost permettant de valoriser les déchets organiques est un atout (la moyenne belge est de 66kg de déchets organiques par personne par an !)
- Amélioration de la qualité des eaux : les toitures végétalisées jouent un rôle de filtre naturel pour épurer les eaux. Les substances nocives (poussières, benzène, Pb, Cd, Cu…) contenues dans l’eau de pluie sont captées dans les toitures végétales, dépolluant naturellement l’eau de pluie restituée.
- Dans des cas d’introduction de serre en toiture, cela peut être d’autant plus pertinent si les activités du bâtiment dégagent de la chaleur et du CO2 qui peuvent être récupérés et valorisés pour chauffer la serre et/ou l’enrichir en CO2. Des panneaux photovoltaïques peuvent aussi y être intégrés.
- Dans des projets mixtes ou ouverts sur le quartier, l’AU est un outil puissant de cohésion sociale et de création de liens : un même espace peut accueillir des publics variés et remplir plusieurs fonctions : pédagogique pour les écoles, thérapeutique pour les maisons de soin et de repos, créateur de lien social au sein d’un quartier, sensibilisateur à la consommation de produits non transformés, activités connexes liées : gestion d’un compost, cours de cuisine, production d’herbes médicinales, etc. L’agriculture urbaine trouve sa place dans des projets immobiliers variés : résidentiel, bureau, commercial, santé, mixte, etc.
Pour les habitant·e·s de l’immeuble ou du quartier, de nombreux avantages existent également. L’agriculture urbaine permet dans un environnement toujours plus minéral de réintroduire du « vert » dans la ville. Lorsqu’un projet immobilier intégrant de l’agriculture urbaine est bien pensé et construit en prenant en compte les besoins des occupants des immeubles (logements, bureaux, restaurants…) et du quartier, les avantages en retour peuvent être nombreux. C’est une manière de se réapproprier l’espace des villes et de l’utiliser à sa manière.
D’un point de vue social, la présence d’un espace vert, productif ou non, stimule les rencontres intergénérationnelles et interculturelles entre les habitant.e.s du quartier, les occupant.e.s d’un immeuble, les travailleu.r.s.e.s d’une entreprise... Ainsi, les plus jeunes y verront un espace de jeux et de loisirs tandis que les plus âgé.e.s profiteront de cet îlot de paix, rare en milieu urbain. Ce sera l’occasion pour tou.te .s de se reconnecter à la nature, aux rythmes saisonniers et de développer sa créativité au travers d’une activité manuelle. Ce sera pour tou.te.s.s un espace pédagogique, où chacun.e pourra se former selon ses envies et acquérir de nouveaux savoir-faire.
La présence de végétation offre un aspect esthétique à la ville, influençant positivement le bien-être de chacun, comme cela a été démontré par plusieurs études. Au-delà de son impact sur le stress et l’anxiété, la présence d’un projet d’agriculture urbaine permet à chacun d’entretenir une activité physique régulière, de produire et de consommer des fruits et légumes sains, de proximité et à prix raisonnable. Les impacts sur la santé sont donc non négligeables.
Le fait de produire soi-même en circuit-court, de fonctionner en cycle fermé en revalorisant ses déchets et d’utiliser des méthodes respectueuses de l’environnement impacte directement l’empreinte écologique en la réduisant.
Plusieurs projets immobiliers sont déjà organisés autour de projets verts :
- La Cité modèle de Laeken (Bruxelles) est un exemple d’un ensemble de logements sociaux ayant intégré l’agriculture et les espaces verts dans le tissu urbain avec des ruches, un potager, un verger…
- Le projet de la ferme du Chant des Cailles (Watermael-Boitsfort), où le quartier environnant s’anime autour d’un espace de maraîchage professionnel, de bergerie et de potagers collectifs.
- Le projet Refresh/Lagum, situé sur la toiture du Colruyt d’Etterbeek (Jourdan) permet de nourrir les habitant.e.s du quartier grâce à de l’auto-cueillette mais également de les sensibiliser grâce à des ateliers sur le jardinage urbain et la transformation de légumes
- Le projet UrbiLeaf permet de dynamiser le quartier des Tanneurs grâce à leur vitrine explicative sur les micro-pousses. Les citoyen.ne.s se montrent intéressé.e.s et s’informent sur les techniques de production indoor lorsqu’ils passent devant le magasin
- Le projet Peas&Love situé sur le toit du Caméléon à Woluwé-Saint-Lambert permet aux citoyen.ne.s d’avoir leur propre parcelle cultivée, ce qui les nourrit mais les sensibilise également aux produits de saison. Ils proposent également des ateliers de transformation ainsi que des Team Buildings pour les entreprises du quartier.
- Au niveau européen, le projet GROOF a recensé toutes les serres agricoles en toiture : https://www.urbanfarming-greenhouse.eu/mapping-of-rtg
Duchemin et al. (2008), Urban agriculture : multi-dimensional tools for social development in poor neighbourhoods
Liens et ressources :
- Certification BREEAM
- Certification BATEX
- Étude Supply, Demand and the Value of Green Buildings (RICS - Royal Institution of Chartered Surveyors, 2012)
- Le projet européen GROOF a réalisé des guidelines pour créer des serres en toiture efficientes en énergie : www.urbanfarming-greenhouse.eu
Comment valoriser la proximité de la ville dans mon projet professionnel ?
La proximité de la ville offre de multiples opportunités pour des projets agricoles. Nous en soulevons quelques-uns mais cette liste n’est bien évidemment pas exhaustive.
- La vente directe Le soutien citoyen au projet
- Le soutien citoyen au projet
- Les projets annexes à la production
1. La vente directe
Contrairement à des projets ruraux disposant de grands terrains mais souvent de peu de client·e·s dans les environs, la proximité de la ville permet d’être au plus proche des mangeur·euse·s. Outre la vente directe sous forme de paniers pour les maraicher·ère·s, la ville est également riche en magasins bio, en coopératives citoyennes, en marchés durables et bien sûr en réseaux de vente en circuit-court. De plus, les modèles économiques des micro-fermes montrent généralement que la vente directe doit faire partie du business modèle, il faut donc absolument profiter de la proximité avec les acheteur·euse·s. Cela permet également de réduire votre temps de livraison et vos coûts logistiques.
Une piste intéressante est également l'autocueillette. Cette approche permet de partager le terrain dans un cadre clair. Elle permet aux producteur·rice·s de se focaliser sur la production et aux consommateur·rice·s de bénéficier de l'accès à un espace vert, ouvert et naturel, ce qui est plutôt rare en ville. Cette approche permet aussi de fidéliser la clientèle et d'augmenter le niveau de conscience du public ainsi que sa propension à payer un prix juste. Attention toutefois que pour pouvoir proposer de l’autocueillette, il faut avoir un terrain de minimum 0,5 ha (voir FAQ 4 – quelle est la surface minimale pour un projet viable ?) et que les terrains de cette superficie à Bruxelles se trouvent en général dans les communes situées aux extrémités de la ville et éloignés des habitations (Nerpeede, Anderlecht, Jette, …).
2. Le soutien citoyen au projet
La participation citoyenne peut offrir un réel soutien à l'agriculture urbaine (AU). Typiquement, l'agriculture urbaine, de par sa petite échelle, est peu mécanisable et est donc intensive en travail manuel. La participation citoyenne peut offrir un réel soutien à cette dimension de l'agriculture urbaine. Elle nécessitera évidemment un encadrement et potentiellement même de la formation.
Les liens entre un projet professionnel et la participation citoyenne obligent aussi à se poser la question de savoir comment légalement ouvrir un tel projet à la participation sans qu'elle soit perçue comme du travail non déclaré. La Fédération Agriculture Urbaine travaille activement sur cette question.
3. Les projets annexes à la production
On le sait aujourd’hui, l’agriculture urbaine permet d’apporter énormément de services à la ville en dehors de la production alimentaire en tant que telle. C’est ce que l’on appelle la multifonctionnalité, par exemple la sensibilisation et l’éducation des citoyens. L’AU rend aussi certains services écosystémiques comme la préservation de la biodiversité, la réduction des îlots de chaleur, etc. Ces services permettent de développer des activités au plus près des mangeur·euse·s et citoyen·ne·s qui sont nombreux. Parmi ces activités qui peuvent être monétisées on retrouve par exemple la réalisation de stages pour enfants, des formations à l’agriculture, des team buildings ou « mise au vert » pour les entreprises, des diners insolites sur le champ, des ateliers de sensibilisation pour des écoles, des ateliers de production ou de transformation, etc.
Point d'attention sur la communication dans un contexte urbain
Pour profiter de manière optimale de la proximité de la ville, il est important d’établir une bonne communication vers le quartier autour du terrain qui est souvent le premier cercle de consommateur·rice·s.
Il est conseillé d’établir cette communication dès le moment où un contrat de mise à disposition des terres est obtenu et qu'un plan d'entreprise est clair, et avant toute modification du terrain qui risque de susciter des questionnements dans le quartier.
Il peut être utile de repérer les personnes « d’influence » dans le quartier et de parler avec elles du projet et de ses avantages pour le quartier pour qu'elles puissent relayer ensuite l'information auprès du reste de la population. Des affiches et des panneaux peuvent être disposés à des endroits stratégiques où les riverains ont l'occasion d'échanger sur le sujet : des bars, des librairies, des coins de rue, etc.
Commencer par une réunion d'information en soirée à un endroit neutre ne permettant aucune confusion avec d'autres projets ou intérêts politiques est une possibilité. Les centres culturels se prêtent très bien à ce type de réunions ou, si le temps le permet, le terrain en question est la meilleure solution.
Les réseaux sociaux ne sont pas à négliger non plus, notamment les groupes liés au quartier dans lequel vous êtes implanté·e (par exemple « La Schaerbeekoise » pour Schaerbeek, « les bons plans d’Ixelles », etc. Les groupes des communes « en transition » sont intéressants aussi ainsi que le journal de la commune par exemple).
Le GEL Agriculture Urbaine du Village Partenaire peut vous aider à établir un plan de communication qui correspond à votre projet et à vos valeurs.
Quelle est la surface minimale pour un projet viable ?
La question de la taille minimale de l’exploitation dont il faut disposer pour qu’un projet soit rentable est une question qui est régulièrement posée. Pour y répondre, il est indispensable de définir les grandes lignes du projet car la rentabilité dépend de nombreux facteurs. Les combinaisons sont variées et dépendent autant du site exploité que de la gestion mise en place et des produits sélectionnés.
Si certains agriculteur·rice·s en pleine terre implantés à Bruxelles renseignent une surface exploitée s’étendant de 5000 m2 à un hectare, d’autres, implantés en milieu rural, ont besoin de plus d’espace pour rendre leur projet viable. Un réseau de petites surfaces proches les unes des autres avec des rotations courtes ou la culture de produits à forte valeur ajoutée offre une réponse différente à cette question de la surface minimale nécessaire.
Attardons-nous cependant sur la question et tentons de dégager sur quels critères nous pourrions-nous baser pour évaluer la surface minimale nécessaire pour mener à bien un projet.
Lorsqu’on souhaite mener à bien un projet agricole en milieu urbain, l’accès à la terre est souvent une donnée qui imposera des limites, en région bruxelloise comme dans bien d’autres villes. Il y a cependant des projets récents qui ont vu le jour et occupent des surfaces inutilisées, aussi bien dans des caves que dans d’anciens bureaux, sans oublier les toits, les friches ou les entrepôts. Pour déterminer la surface nécessaire à un projet, il faut analyser divers critères qui auront une incidence sur l’espace à cultiver. En voici une liste non exhaustive :
- La nature du projet : agriculture pleine terre ou agriculture hors-sol ?
- Le type de surface cultivable (pleine terre, cave, toit, mur, entrepôt, …) couplé à des considérations en matière de température et d’orientation ;
- Les coûts de revient (intensité et technicité, main-d’oeuvre indispensable à l’activité de production) ;
- La distance avec le public cible et les impératifs logistiques ;
- Le type de produits, de culture et de système de production choisis ;
- Les caractéristiques de production (main-d’oeuvre, accès,…) ;
- Le contexte dont le projet a besoin (client à proximité, atelier de transformation, …)
L’agriculture verticale a émergé à Bruxelles, associée à des productions atypiques comme la production d’insectes (Little Food), de champignons (Champignons de Bruxelles, Permafungi, …) ou encore de micropousses (Urbileaf, BIGH, …). En Amérique du Nord ou au Royaume-Uni, on retrouve aussi la production verticale de légumes feuilles. Dans ce cadre, de petites surfaces de 50m2 voire moins permettent des cultures intensives. Aujourd’hui, la surface minimale ne se calcule donc plus uniquement en m2 mais aussi en m3.
Chaque modèle a une taille minimale qui lui est propre et aucune considération générale ne peut être tirée en Europe ou à Bruxelles à ce jour.
Les données relatives à la taille minimale propre à chaque projet sont confidentielles et sont entre les mains des entrepreneurs actifs dans le secteur. A vous d’aller à leur rencontre avant de monter votre projet ! Notons que certaines facultés d’agronomie mènent également des recherches sur ces questions. Nous vous conseillons de vous renseigner sur l’état d’avancement de leurs recherches.
Liens et ressources :
- Jean-Martin Fortier, Le jardinier-maraîcher
Quelle diversification idéale pour mon projet ?
La diversification des produits, activités et services est souvent préconisée comme méthode de rentabilisation pour des projets en milieu urbain. Ceci est évidemment lié à la surface réduite et donc à l'optimisation de son utilisation. Chaque diversification demande des ressources humaines (des compétences), des ressources financières (les investissements) et techniques (les infrastructures).
Nous distinguons deux types de diversification : verticale et horizontale. La diversification verticale concerne la diversification des types d'activités et la diversification horizontale concerne la diversification à l'intérieur de chaque activité, par exemple le nombre de types de légumes dans l'activité de la production primaire de légumes.
La diversification verticale inclut entre autres :
- production primaire de légumes et petits fruits ;
- production de fleurs à couper ;
- production de plantes aromatiques et médicinales ;
- production de champignons ;
- la transformation de ces produits ;
- des services d'animation et de formation ;
- des services de mise à disposition du terrain pour d'autres activités liées au bien-être, à la production artistique, etc.
La liste n'est pas exhaustive.
La diversification horizontale cherche à maximiser la diversité des produits (pour chacun des exemples) afin d'avoir une offre attirante et pour augmenter aussi la résilience (dans toutes ses dimensions) du projet.
Il est toutefois important de chercher à équilibrer les avantages qu'apporte la diversification en termes de rentabilité et d’attractivité et les désavantages en termes de besoins supplémentaires ou de surconsommation de travail. Pour mener cette recherche d'équilibre, nous conseillons fortement de s'inspirer de projets existants et rentables, pour analyser comment ils font aujourd'hui et comment ils ont pu historiquement développer leur diversification.
Certaines structures comme Diversiferm sont spécialisées en cette matière.
Liens et ressources :